Resh, au coeur de ses traditions
Parfois, danser n’est pas qu’une succession gracieuse de mouvements. Parfois, nous dansons pour exprimer nos émotions. Parfois même, elle sert à transmettre un savoir. Pour Resh, la danse représentait un moyen d’atteindre l’éveil.
Resh est un rappeur-danseur qui vit sa foi de tout son corps et s’engage pour développer son art dans les milieux urbains. Cet homme de 40 ans partage la vie à travers le hip-hop et la culture traditionnelle. Du rap au mime, découvrons ensemble le chemin de Resh.
Un parcours remarquable
Je viens de la tribu de Siloam à Lifou. Depuis tout petit, je suis attiré par la musique et la danse. J’ai ça dans le sang. Pendant les cérémonies coutumières, je me souviens que je dansais à côté du groupe, c’était plus fort que moi, je les imitais. Mes débuts dans la danse.
Un jour, mon oncle est revenu de l’armée et a ramené dans ses bagages de nouvelles sonorités, c’était nouveau, une révélation pour moi. NTM, IAM, Mc Solar ! L’arrivée du rap dans ma vie.
Quelques années plus tard, je suis arrivé à Nouméa pour mes études, et c’est à ce moment là que j’ai rencontré des danseurs et des chanteurs. C’était 1998, j’avais 16 ans, j’ai commencé à écrire et chanter mes propres textes. J’y suis resté 14 ans. Je me suis épanoui dans ce milieu. Je me suis fait un réseau et surtout des amis. J’ai gardé beaucoup de liens de cette période.
Puis en 2014, je suis rentré à Lifou, j’avais besoin de retrouver mes racines, d’être chez moi pour l’inspiration de mes créations. C’est la période durant laquelle je me suis fait connaitre des institutions. En 2015, j’ai créé au Centre Culturel Tjibaou et j’ai fait des formations. A force de travail et de persévérance, je me suis retrouvé au festival des Arts du Pacifique à Guam, au Francofolies à Nouméa et au Festival Maritime de Brest en 2016. Puis en 2018 au Festival des Arts de Mélanésie aux Îles Salomon.
La même année, j’ai eu l’occasion d’aller en Métropole pour quelques dates, puis j’ai découvert l’art du mime par le biais d’un stage.
Du caillou à Montreuil
A la suite d’un stage de trois semaines à l’Ecole Internationale de Mime Corporel Dramatique de Montreuil, à côté de Paris, j’ai décidé que je voulais approfondir ma connaissance du corps, travailler sur les positions, les attitudes, les mouvements. L’Ecole m’a accepté pour le cursus complet. C’est une formation de trois ans pour devenir Intervenant Pédagogique en Mime, c’est à dire « prof de mime ». J’ai fini mon cursus et obtenu mon diplôme au mois de juin 2023.
Parallèlement, j’ai développé un réseau à Paris et en métropole en général, j’apprends à me professionnaliser, ça passe par apprendre à être son propre chef d’entreprise, à gérer les contrats, la communication, la logistique, etc. Mon objectif est de participer, à mon humble échelle, à la professionnalisation des artistes, pour que chacun de nous puissions vivre de notre art.
Projets
Dans les deux prochaines années, j’aimerai créer un spectacle mêlant nos arts traditionnels avec le mime, le slam et le rap. Puis le faire tourner. J’envisage aussi de transmettre ce que j’ai appris grâce au hip-hop, à la danse, au mime aux nouvelles générations : il faut s’amuser, se dépasser et surtout ne jamais jamais rien lâcher pour réaliser ses rêves.
Crédit photo : Jules Hmaloko