Manuel Touraille

Après plusieurs années aux commandes du Rex, il s’en va le coeur serré mais avec le sentiment de devoir accompli. Rencontre avec une personne qui a mené tant de projets dans le monde culturel calédonien.

2009

La Ville de Nouméa décide de faire du Rex un lieu polyvalent pour les jeunes et en a confié la gestion à l’ADAMIC

Manuel, après de nombreuses années à la tête du Rex vous partez donc à la retraite. Que tirez-vous de cette expérience ?

En 2009, la Ville de Nouméa décide de faire du Rex un lieu polyvalent pour les jeunes et en a confié la gestion à l’ADAMIC. L’association est composée d’un conseil d’administration bénévole et de quatre salariés. Nous animons cet espace de transmission et de solidarité au service des arts et de la jeunesse depuis maintenant 15 ans. L’implication de toute une équipe, que je tiens à remercier tout particulièrement, y compris les nombreux stagiaires et les services civiques. Le Rex a contribué à l’émergence d’un vaste réseau. Plus qu’une expérience, c’est avant tout pour moi une aventure humaine.

Le Rex sans vous serait-il Le Rex ?

Lieu de patrimoine, le Rex Nouméa a réussi sa reconversion de cinéma à espace socioculturel dédié à la jeunesse calédonienne dans toute sa diversité. Nous avons souhaité donner un sens artistique à ce site où sont réunis l’échange et le partage, l’amitié et l’écoute, l’entraide et la convivialité, l’éducation et les loisirs. Le Rex consolide son action en partenariat avec d’autres associations, qui alimentent son activité. Le projet a été co-construit avec les jeunes dans un esprit d’ouverture vers l’inconnu, vers le défi, vers la curiosité nécessaire à la fois à la créativité artistique et à l’engagement citoyen. Le Rex favorise une démarche de projet, où les jeunes prennent l’initiative. Nous avons créé ensemble un prototype, qui est devenu une référence aujourd’hui, un lieu emblématique. Sans vous, le Rex ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui.

Vous avez accueilli des centaines de jeunes dans cette enceinte. Quelle a été votre plus grande satisfaction à leur égard ?

La Rex est avant tout un lieu ouvert aux jeunes, une case commune. L’image de la case, c’est à la fois celle du foyer rassurant et celle d’un endroit où se construit la communauté, le vivre ensemble, où se prennent les décisions de façon collégiale. Cette dynamique s’inscrit dans une démarche participative.

Les adhérents et les usagers sont en majorité des jeunes passionnés par une pratique artistique dans sa libre expression, simple et directe ; des jeunes, parfois en difficulté d’insertion sociale, qui trouvent au Rex accueil et soutien. Les événements contribuent à valoriser leur image, leur savoir-faire, à canaliser les bonnes énergies. Cela représente une voie de réussite pour les jeunes adultes comme pour les générations suivantes. Ce que nous appelons le tuilage par l’exemple : les « grands frères » devenus des modèles incitent les petits frères à suivre leurs traces. Une relation de confiance a été créée au quotidien dans un lieu qu’ils appellent affectueusement « le nid », un lieu où rejoindre « la bande », un lieu où s’épanouir dans « la grande famille ». La grande diversité des activités permet à chacun de faire des choix, de trouver un chemin de vie, de mettre en avant le potentiel de la jeunesse à l’échelle du pays et de relayer les plus belles initiatives auprès des médias, des institutions et du grand public.

Voici quelques souvenirs marquants : certains titres de la Mixtape du Rex sont diffusés à la radio, sur les vols Aircalin et dans les boites de nuit du pays. Il y a aussi, un grand nombre de danseurs fréquentant le Rex qui se produisent dans des créations chorégraphiques de la troupe Nyan ou de la compagnie Moebius, certains ont même été repérés sur la page Facebook du Rex. Simane Wenethem a été en résidence au Rex dans le cadre de la préparation de son premier album et de sa tournée aux Francofolies de La Rochelle et Nouméa. D’ailleurs, son clip a été tourné dans la grande salle du Rex, transformée en plateau de tournage pour l’occasion. Yo, Stan et Krilin, trois danseurs qui fréquentent le Rex depuis quinze ans, sont partis en tournée en Australie, en Nouvelle-Zélande et en Europe. Les chanteurs Nasty & ReZa ont choisi le Rex pour le tournage d’un documentaire Canal + sur leur parcours et le film a été projeté en avant-première au Rex.

Le Rex a donc suscité de nombreuses vocations.

« Ce que nous appelons le tuilage par l’exemple : les « grands frères » devenus des modèles incitent les petits frères à suivre leurs traces. »

Manu

structure pour L'art

Staff

Années d'expériences

Qui sera la personne chargée de vous remplacer ?

Big Up à Nadège Lagneau qui sera la nouvelle directrice du Rex.

A votre départ, qu’allez-vous faire et où serez-vous dans les prochains mois ?

Je vais retrouver ma famille à Paris et dans le sud de la France, puis développer un projet de résidences artistiques en région Occitanie et j’espère bien rester en contact avec le mouvement hip hop calédonien.

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