"Je m’appelle Monirah, mais on me nomme plutôt sous le blaze de Moon. Je suis une amoureuse de l’univers hip-hop depuis toute petite. Lorsque j’étais en école primaire, j’écoutais des influences musicales qui étaient déjà orientées style

Crédit photo : Lion eye photography

Moon

Directrice, designer graphique et chargée de com/des artistes du magazine Street King'z

« Je m’appelle Monirah, mais on me nomme plutôt sous le blaze de Moon. Je suis une amoureuse de l’univers hip-hop depuis toute petite. Lorsque j’étais en école primaire, j’écoutais des influences musicales qui étaient déjà orientées style : ADM, Mariah Carey, Brandy, The Notorious BIG, TLC, Dr Dre, 3T, Tupac… Je me souviens en CM1, c’est-à-dire en 1997, notre maître nous avait demandé de danser à la fin de l’année. J’embêtais tous mes camarades pour que l’on se déhanche sur une interprétation des All saints. C’est à partir de là, qu’avec une petite bande de 3 amies, nous commencions à sortir les baggys et à monopoliser les classes de temps libre pour chanter et danser.

1999, mon inspiration grandissait lorsque mes parents se séparaient et que j’emménageais dans le quartier de Doniambo à la Vallée du Tir avec ma mère. Je devais avoir 11 ans et s’ensuit les années collège. À cette époque, rien de très compliqué dans ce genre de quartier. Soit les jeunes buvaient, fumaient ou dansaient.

Moi trop timide, je m’isolais souvent dans ma chambre avec un carnet de graff. En tendant l’oreille, je pouvais entendre le son des bboys qui dansaient dans la rue.

Autrement, je pointais le bout de mon nez dehors pour faire quelques paniers dans mon jardin.

Des années suivirent, je devais me rendre au bahut souvent à pied, donc sur le chemin, je voyais encore des jeunes danser. Bien sûr comme tous les mercredis, on tuait le temps en arpentant les rues de la ville. De bouche-à-oreille, des messages circulaient comme quoi des crews de breakdance allaient s’affronter ! C’était comme ça que l’on pouvait voir les performances ! De là, j’ai rencontré le crew Saïan Breaker avec qui j’ai tissé des amitiés. De temps à autre, j’apportais quand même du réconfort à ma mère en faisant venir les copains pour mater des cassettes vidéo des « Battle of the year » à la maison.

Par la suite, j’ai rencontré un ami graffeur d’ATM crew avec qui j’apprenais encore plus de bases, mais toujours aussi discrète, je préférais partager mes carnets uniquement avec des proches.

Crédit photo : Lion eye photography

Fin de terminal, les mêmes tendances me bercent, mais mon indépendance prenait le dessus de mes passions. Je cherchais du travail et quittais la maison familiale à 18 ans. Depuis lors, je ne suis jamais revenu en arrière et je n’ai jamais connu d’années off. Pourtant ma mère a été celle qui m’a montré la voie en combinant 2 rôles parentaux, elle a été une femme forte et a toujours laissé la porte ouverte, mais encore une fois la fierté parlait.

J’ai eu aussi des passages de ma vie où je m’étais défaite du monde. La fierté de ma débrouillardise m’a poussé à dormir dans ma voiture quelque temps. La nuit venue, la musique et le dessin m’aidaient à entretenir mon esprit artistique. Le matin tôt, j’allais à la salle de sports et j’en profitais pour me préparer avant de commencer le travail. C’était ma libération. Quand la salle était fermée, je pratiquais du workout et je testais quelques exercices en idolâtrant Hannibal King toujours en me motivant sur des beats street. J’ai dû trouver une force quelque part.

Les années passèrent et à 20 ans, j’eus mon 1er studio. Un carton faisait office de table et un matelas plié en deux se transformait en assise pour les invités. J’étais très heureuse comme ça. C’est là que j’ai rencontré une personne qui habitait dans le studio d’au-dessus. Elle devient ma sœur de cœur et de partage. Je réalisais que du coup, j’avais l’appartement et la voiture mais pas assez d’oseilles pour payer mon assurance. Donc marchera hein ! Mais les bails avec mon amie étaient toujours perfect, on ne voyait même pas les kilomètres passer tellement le mood était bon ! C’était le retour à l’appel de la street !

On se faisait chaque matin et soir, le chemin à pied de Magenta au centre-ville et on en profitait pour partager nos répertoires musicaux.

Ma timidité s’en est allée, et je commençais à dévoiler ma voix.

La situation s’améliorait avec le temps, parfois je cumulais plusieurs jobs. Au fond de moi, je trouvais une certaine liberté pour pratiquer la danse, le graffiti et le chant, mais toujours loin des regards des gens.

Crédit photo : Lion eye photography

Mon bonheur est venu avec l’arrivée de ma 1re fille, je venais d’avoir 25 ans. À ce moment-là, j’eus un déclic et je décidais de changer complètement de travail. J’arrêtais les postes de vendeuses et de responsable de boutique de vêtements, pour un emploi dans une société de maintenance industrielle en tant qu’hôtesse d’accueil et chargée de communication. De plus, je me perfectionnais dans la conception graphique, ce qui est devenu une nouvelle échappatoire.

Bien sûr, la fibre commerciale ne disparaît pas comme ça, donc mon directeur a vu en moi une responsable de boutique.

Actuellement, j’occupe un poste avec 3 casquettes, et je ne m’en sors pas si mal.

L’année 2017 était le début d’une grande histoire d’amour qui commençait. A 32 ans je deviens mère pour la deuxième fois. Ma famille s’est agrandi et je suis aux anges !

Mon conjoint, qui est bboy, et moi avons eu l’idée de travailler sur un support de communication en août 2021. Nous nous sommes lancé le défi de créer notre société qui, nous permettrait d’allier art graphique et culture urbaine. De là est né le magazine Street King’z.

À travers nos actions, nous voulons faire passer un message fort, telle est notre devise : « Voyez la rue d’un bon œil ».

Conjuguer la vie d’épouse, de mère, d’employée et d’entrepreneuse n’est pas chose facile mais avec beaucoup de volontés, on peut y arriver.

Je crois en notre jeunesse, je sais qu’elle a du potentiel mais je pense que si certains ne s’ouvrent pas assez, c’est parce qu’elle manque de confiance dû à leur éducation. À force de côtoyer les jeunes, certains s’ouvrent à moi et m’ouvrent leur coeur. Si le jeune rentre de l’école et qu’il n’y a personne pour lui à la maison, quel est le repère du jeune ? On se demande pourquoi trop de jeunes errent dans les quartiers, mais on ne se demande pas si quelqu’un est à la maison pour lui demander si sa journée a été !

Ainsi, un jeune cherchera automatiquement le soutien de certaines personnes avec lesquelles il trouvera une famille aimante, une famille de cœur.

Chaque parent est imparfait, on fait au mieux, mais si votre fils apparaît dans notre mag, pitié, ne lui dites pas que c’est pour faire son intéressant ! Aidez-le à grandir à travers son art ou son sport ! Voyez en lui le meilleur et poussez-le à réussir dans son domaine car ça sera toujours mieux que de côtoyer les bandits.

Et comme dit un ami, les enfants sont comme les chiens, ils sont beaux et tellement mignons quand ils sont bébés. On les chouchoute, on s’en occupe mais quand ils grandissent, ça dépasse les barrières et ce n’est pas grave s’ils deviennent des chiens errants.

Voilà mon combat c’est ça, utiliser la modernisation numérique (chose que l’on n’avait pas forcément avant) et la presse pour faire connaître toutes ses pépites méritantes de briller.

Voilà, je suis une maman et une femme qui souhaite aider cette jeunesse à se sentir valoriser. Je n’appuie pas sur le fait que l’artiste développe son art, il fait ses bails et je dis ce qui est en tant que pseudo-rédactrice. Son message, il le délivre, à vous de savoir bien regarder ou écouter.

Aujourd’hui j’ai 34 ans, et j’ai comme objectif de faire passer des messages à qui veuillent bien l’entendre à travers mon travail dans SK…Et tant que le hip-hop vivra nous serons là avec notre équipe lors des évènements et nous continuerons à faire notre possible pour solliciter surtout ceux qui n’osent pas.

Je remercie ma famille, mes amis et mes petits king’z qui ont cru en nous, merci à toutes les personnes qui suivent notre magazine. On essaie de tenir la cadence ! On vous réservera de belles surprises à l’avenir !

La street est à tout le monde, personne n’empêche personne alors avance tant que tu peux ! »

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