Rasta Vin’s
Rasta Vin’s on da beat !
Crédit photo : Christophe Maunier
Marvin ou plus communément appelé Rasta Vin’s. Il enflamme le studio du Rex par ses beats et ses enregistrements. Du haut de ses dreadlocks, écoutez attentivement son vécu.
Rasta Vin’s, peux-tu nous dire ce que tu fais ?
Salut Street Kingz, merci d’avoir accepté cette interview. Je travaille pour le Rex depuis plus de 8 ans en tant qu’ingénieur du son, si je puis dire, car je n’ai pas de diplôme ni de formation dans ce domaine. Le studio que je gère propose des séminaires M.A.O (musique assistée par ordinateur), qui comprend le lancement du logiciel approprié (Logic pro X) pour la création/composition musicale et la pratique sonore. J’assure également l’enregistrement, le mixage et le mastering, et si besoin, j’ invite les artistes à participer.
Que penses-tu de cet art qu’est le rap?
Pratiquement que du bien. Je dis cela parce qu’il y a toujours une histoire sur les goûts personnels et la couleur. Mais en général, j’ai toujours aimé ça, j’y nage depuis que je suis gamin, donc j’ai grandi avec. A l’époque c’était une discipline musicale très impopulaire, je veux dire ça n’a plus rien à voir avec aujourd’hui, c’est devenu le style musical préféré dans le monde, car le top 6 des artistes les plus vendus sur la planète sont des rappeurs. Belle progression.
Crédit photo : Chavi l’absène
Quel est ton parcours ?
Je n’ai pas vraiment de parcours. J’ai commencé à faire de la musique courant 2012, en underground avec quelques amis et artistes comme Sanak, Kanekshan, Suny de Seeds, Kovi Tama ou encore Julien Vandange aka Jun qui m’ont appris pas mal de petits tuyaux et m’ont servi au fil du temps. Par la suite, nous avons travaillé avec Pablo Barri et Manuel Touraille (Directeur de l’association ADAMIC, Le Rex Nouméa) pour établir une demande d’aide afin de pouvoir créer le studio de la fabrique numérique du Rex. C’est le berceau de notre projet. Ensuite j’ai donné des ateliers d’écritures et de MAO à l’ETFPA, le Rex ou certains centres communautaires . J’ai également travaillé avec Janice en tant que régisseur du son dans le cadre du plateau de Lakoustic. En parallèle, je travaillai au Rex. Nous avons créé le collectif Inadistreet en 2013, puis l’association DixVersCités, pour pouvoir former des rappeurs qui quittent le studio avec des projets sérieux. Nous avons également organisé des événements pour ces rappeurs, mais aussi coopéré avec de nombreuses organisations, rappeurs internationaux tels que BigFlo et Oli, IAM, Grims, Demi-Portion, Kenyon, etc. J’ai personnellement réalisé la première partie d’IAM avec Chavi l’Abscène, Julia Paul et DJ Korpus, et réalisé la première partie de Kalash et Vald avec Lenimirc, Solo et Kovi Tama lors des Francofolies. Depuis lors, je me suis limité au studio car il y a beaucoup de passages là-bas. Le dernier événement majeur auquel j’ai organisé jusqu’à présent est le concours de production de beatmaking qui s’est tenu dans l’enceinte du Rex il y a quelques mois, où nous avons accueilli 10 beatmakers locaux.
Quelle est ta motivation pour continuer à faire ce que tu fais ?
Je ne vais pas mentir. Ce qui me motive le plus, ce sont ces jeunes qui ont réussi et qui se sont améliorés de jour en jour. Voir l’évolution parfois fulgurante de certains, me rend fier d’en être à l’origine (pas la naissance). Je ne parle pas du rap en lui-même, mais du mouvement rap, même si certains ont déjà posé leurs fondations avant nous. Puis ma famille, ma femme et mon fils chantent, ils m’arrivent de les enregistrer pour le plus grand bien de mes oreilles.
Qu’apporte cette discipline au pays ?
Toutes sortes de choses, je dirais. Tout le monde n’a pas le courage de faire des démarches pour s’inscrire, ou se produire sur scène (stress, timidité, etc.), donc avant tout, il y a un travail pour soi, comme la concentration, l’écoute, le travail personnel à la maison, etc. Comme vous l’avez dit, c’est une discipline, pour l’honorer, il y a tout un entraînement. Il y a aussi ceux pour qui c’est inné, mais ils sont relativement rares. Ensuite, il y a un apport relationnel, car nous communiquons avec les gens du nord au sud et des îles. Nous avons déjà joué en dehors de Nouméa et avons même fait une tournée sur le caillou dans un van avec quelques rappeurs. Un échange culturel se produit alors. Cette discipline joue également un rôle essentiel dans la délinquance car c’est une distraction qui prend du temps et demande beaucoup de travail. Personne ne peut sortir et faire quelque chose comme ça. Enfin quoi que.. ça arrive. Au final, je pense que cette discipline permettra à l’avenir de se positionner comme un acteur direct économiquement (ce qui est déjà un peu le cas avec la sacenc) mais cela prendra encore du temps.
Le rap calédonien a-t-il sa place dans le rap international ?
Si oui, pourquoi ?
A mon avis, le rap calédonien est encore un peu immature, pas péjoratif. Je veux dire, en général, il manque encore de formation, mais il y a du talent. Nous avons des contacts pour ce genre de collaboration, nous pouvons donc les utiliser quand le moment sera venue. Cependant, ce qui est sûr, c’est que le talent calédonien et sa culture méritent largement d’être exportées.
As-tu des projets pour l’avenir ?
Toujours. Je pense que ceux qui sont dépourvus de projet dans ce milieu sont voués à l’échec. Vous devez continuer à avoir des idées et des innovations. Mes projets personnels sont nombreux et variés, mais je n’en parle généralement pas avant d’être sûr que cela fonctionnera. qui sait …
As-tu quelque chose à dire à la jeune génération de rappeurs de notre pays ?
Ne jamais rien lâcher, il n’y a qu’à regarder les artistes de ce monde qui ont réussi, leurs maîtres mots sont détermination, entraînement, acharnement, échecs, régularité, évolution, il faut sortir de sa zone de confort parfois s’ il y a un blocage quelconque. Donc je vous souhaites force, courage et honneur dans cette course acharnée.
Trop tard
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