MAMOOSE

Notre b-boy de Brisbane

Manu, notre calédonien est l’exemple même du « qui ne tente rien à rien ». Au pays des pokens, « l’Australian Drean » prend tout son sens!

Manu, qui es-tu ? Que fais-tu dans la vie ?

Yo, mon vrai nom est Manuel Savoie, dans le monde de la danse urbaine, je m’appelle Bboy Mamoose.

Ah oui ! Beaucoup de gens m’appellent Olish en Nouvelle-Calédonie ! Clin d’oeil à mon frère jumeau. J’ai 38 ans et j’ai commencé le break au Lycée Jules Garnier en 2001 (Aiie 20 ans déjà…) grâce à Coco. Clin d’œil à mon triplet.

Je kiff toujours autant cet art et aller m’entrainer, j’y vais avec mon crew au moins deux fois par semaine. Nos cours sont ouverts à tous. Je donne régulièrement des cours à Brisbane depuis 7 ans. Je représente toujours mes deux crews : Skill@Will (Australie) et La Relève (Nouvelle-Calédonie) qui, comme ma famille et mes proches, ont influencé mon identité actuelle. Sinon, je suis informaticien dans des écoles primaires à Brisbane depuis 12 ans.

De plus, j’aime généralement l’art, voire créer le mien : montages vidéo, peintures numériques, photos… Je m’intéresse de plus en plus à la philosophie et à la méditation qui m’aident dans la vie de tous les jours.

Crédit photo : JNY photography

« Ce qu’il y a de bien avec notre culture Hip Hop, c’est qu’elle nous unit malgré nos différences et je vous vois tous comme ma Famille Hip Hop de Nouvelle Calédonie. »

Mamoose

Qu’est-ce qui t’a amené à partir vivre en Australie ? Pourquoi ce pays et pas un autre ?

Quand j’avais 20 ans, en 2004, mes parents m’ont proposé d’aller en Australie pour étudier l’anglais et l’informatique car c’est un pays que j’ai toujours aimé, non loin de la Nouvelle-Calédonie. Mon oncle y vit donc je n’ai pas pu résister à partir en vacances, euh… Je veux dire…a y aller pour étudier haha. J’aime beaucoup la vie ici, donc j’y suis resté. Merci encore de m’avoir ouvert cette porte. Apprendre une autre langue est un défi pour moi, et j’ai la chance d’avoir été rapidement accepté par les danseurs de break d’ici. Sans eux, je ne pense pas que je serai resté vivre ici. L’avantage de l’Australie est bien sûr que je peux plus facilement rentrer chez moi pour des vacances ou autre.

Comment se développe la culture hip-hop en Australie et dans la ville où tu résides ?

Désolé, je ne connais vraiment pas le développement de la culture hip-hop en Australie : Rap, BeatBox, DJ, Graf… Mais je connais beaucoup d’amis à Brisbane qui gèrent chacun de ses éléments et J’ai l’impression qu’ils se développent tous, même à l’ère du Covid. Concernant l’élément Break, en plus de quelques breakers qui progressent bien, au cours des 2-3 dernières années, j’ai encore vu une certaine stagnation. Je pense que toutes ces limitations et ce manque de battles en période du Covid font partie de la raison du déclin ici. Avec l’arrivée du Break aux JO, j’espère qu’on aura une nouvelle vague de jeunes qui commenceront à s’intéresser à cette danse.

Tu dois suivre de loin le mouvement urbain en Nouvelle-Calédonie, quel est ton ressenti ?

Oui, j’essaye toujours de voir ce qui se passe à distance mais ce n’est pas toujours évident… Petit message subtil pour dire qu’il faut mettre plus de vidéos online pour moi les gars.

Mon ressenti actuel, c’est qu’à part quelques breakeurs, j’ai l’impression qu’il n’y en a plus beaucoup qui sont super-motivés, qui ont envie de fumer tout l’monde, d’être vraiment originaux ou de danser sur le rythme de la musique et pas que sur les “2,4,6,8,1”. A mes débuts à Nouméa, on était tous à fond avec mon Crew La Relève : Coco, Nix, Azzedine, Olish, Juju, Soli, Neil, Jay, Guish Avec Chris au Mic, Dan aux platines et Wish qui graffait.

Soli, qui après forma son groupe Freestyle, appelé ensuite les Saïan Breakers avec : Sioul, Kenjy, Tosh, Lio, Neps, Tamai, Nico, Végéta, Tolé, Warren, Jean-Michel… Qui étaient plus ou moins nos rivaux mais on était tous potes. La mentalité était de toujours chercher un nouveau move pour progresser pour le prochain battle qui était en général au Damier et qu’on planifiait ensemble. Lors des battles, pas de juge ni de temps limite. C’était mieux et on étaient encore plus motivés pour les prochains.

Je tiens à dire que je respecte et encourage tous ceux qui poussent le mouvement au pays, ceux qui organisaient des battles en tout genre (Astro, Emile, Pablo…), Créations (Pash, Malaki, Galoi, Lomes, Krilin, Zack, Gégé, Résurrection…), ceux qui donnent ou donnaient des cours (Goti, Azzedine, Sioul, Franck, Soufiane…), motivent et cultivent online (Street King’z, Solo, Simane, Dalmas…), mais aussi ceux qui aident aux trainings, encouragent les nouveaux danseurs à commencer et même à poster des vidéos qui aident à développer cette culture.

Je crois m’être fait une crampe à la paupière gauche avec tous ces clins d’œil.

Donc voilà, j’ai l’impression qu’il manque en général l’envie de se surpasser, d’apprendre puis de retransmettre pour que le mouvement continue à bien évoluer.

Pourrait-on adapter quelques éléments propres aux breakdances australien et le mettre en applications ici ?

Je trouve qu’il y a plus de styles de break différents en Australie, certains ici sont à fond dans l’originalité et du coup se démarquent directement. Nous avons plus de danseurs ici qui s’amusent avec leurs top rock (danse debout) et aussi pas mal qui sont bien calés en footwork (ou passe-passe au sol).

Donc oui, je pense que ça serait bien aussi en NC de voir plus de styles et des moves variés, tout en se souvenant qu’il faut faire avant tout ce qu’il nous plait.

Nous avons quelques battles où les qualifications sont dans des cercles (cyphers) et c’est quelque chose qu’il n’y a pas trop et qui serait peut-être intéressant au pays. Par contre, la NC a toujours eu un très bon niveau en tricks, surtout comparé à l’Australie.

Que penses-tu de la situation au pays ?

De là ou je suis, je vois un pays qui reste malheureusement assez divisé, je sais que chacun veut les choses plus ou moins à sa manière et a des valeurs différentes ; mais la meilleure solution pour moi, est de continuer à respecter et accepter l’autre, comme quelqu’un de sa famille, puis s’entre-aider pour mieux vivre ensemble. La politique devrait nous donner plus de liberté et de nous unifier plutôt que nous diviser.

Après c’est sûr, c’est plus facile à dire qu’à faire, et malheureusement beaucoup de personnes sont déjà trop conditionnées dans leurs idées pour changer et chercher ce qu’il y a de mieux pour l’ensemble du pays.

Ce qu’il y a de bien avec notre culture Hip Hop, c’est qu’elle nous unit malgré nos différences et je vous vois tous comme ma Famille Hip Hop de Nouvelle Calédonie.

Penses-tu y revenir vivre (en NC) ou tu resteras définitivement là-bas (AUS) ?

Je pense un jour rentrer au pays, mais ce n’est pas prévu encore pour tout de suite.

(C’est bien d’avoir la double nationalité quand même pour ce genre de décision).

On se plait encore bien ici à Brisbane avec ma copine qui est aussi calédonienne. Mais on ne sait jamais où le vent nous emportera, surtout avec nos familles et proches que l’on aimerait bien revoir en vrai.

Ma sœur a 2 filles et j’ai une filleule aussi à Nouméa (toutes trop belles) qui commencent à croire que je vis derrière l’écran de téléphone.

Ce qu’il y a de bien avec notre culture Hip Hop, c’est qu’elle nous unit malgré nos différences et je vous vois tous comme ma Famille Hip Hop de Nouvelle Calédonie.

Quel battle voudrais-tu faire si tu intégrerais une sélection calédonienne ?

C’est vrai que ces genres de battles sont vraiment mémorables et ont toujours été des expériences géniales.

Je suis parti avec mon Crew Skill@Will à New York en 2010 représenter l’Australie à Evolution, avec UBC (moi en Solo) en 2011 à Montpellier représenter la NC au BOTY France, en 2015 avec la Team AUS en Corée pour le R16 et en 2016 à Singapour représenter aussi l’Australie au Radikal Forze Jam... Ce que j’ai aussi fait avec La Relève.

Ah oui, pour répondre à ta question, vu que j’ai raté mon opportunité de représenter l’Australie au Freestyle Session aux Etats Unis en 2018,

(a cause de ma blessure au Kulture Jam), j’aimerai bien du coup pouvoir le faire avec une Team calédonienne, ça serait super vu qu’ils ont relancé les battles Full Crew Vs Crew.

Radikal Force Jam aussi, est vraiment bien, je le conseille d’ailleurs, et ça me tenterait bien de le refaire aussi. Yalta Summer Jam, aussi je ne l’ai jamais fait mais, j’ai toujours entendu dire que c’était le top du top.

Peace à toute la famille hip hop,

Prenez soin de vous et de vos proches.

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