Azzedine

Le b-boy devenu enseignant

Né à Brétigny-sur-Orge dans la banlieue parisienne en 1982. Azzedine est depuis longtemps passionné par la vie de la rue. Il décide de faire ses valises et de s’envoler vers le Caillou avec des projets en tête et son amour pour la danse. Du fait de ce qu’apporte le mouvement urbain, il s’est ancré dans les valeurs du pays. Découvrez avec nous la chronique la plus touchante, il nous raconte son expérience.

J’ai découvert le breakdance très tôt. En fait, j’ai commencé à danser à l’âge de 8 ans. Mon grand frère faisait partie d’un groupe qui était pas mal connu à l’époque à Paris : les TKS (The Kriminal Starz). Parmi ce crew, il y avait des bboys qui ont marqué la old school comme Nicolas PCB (Paris City Breakers) ou même Bruce (qui organise le Juste Debout).

Du coup, j’ai suivi mon frère aîné aux entraînements durant lequel j’ai fait mon premier tour de thomas. C’était l’ère Châtelet les Halles. C’est là que les Bboys de Paris se retrouvaient.

Photo d'Azzedine, breaker Nouvelle-Calédonie

Mais j’ai rapidement arrêté, j’ai préféré jouer au foot ! J’ai vraiment commencé à m’entraîner sérieusement au lycée en 1999. J’avais une petite bande de potes avec qui on s’entraînait après les cours et le week-end. C’était lors de cette période que j’ai vu mes premières vidéos (les vieilles cassettes VHS) et que j’ai découvert des breakeurs qui m’ont motivé et qui m’ont influencé : Louab, Storm, Maurizio, Reveal, Iron Monkey… Après mon bac, j’ai décidé de partir loin.

Direction la Nouvelle-Calédonie avec un aller-simple et 20 000 francs en poche ! J’avais un projet d’études et je voulais m’inscrire à l’université. Les premiers temps ont été très difficiles, je me suis vite senti déraciné, seul et sans une thune ! Dans un pays dont je ne connaissais rien sur l’histoire et sur les gens qui y vivent, ce qui finalement était bien puisque je n’avais aucun préjugé.

 

En fréquentant l’université, j’ai rencontré un des leaders d’un groupe qui démarrait en ce temps-là. On s’est retrouvé un jour avec les autres membres du groupe (au damier à l’époque), pour faire connaissance et s’entraîner. C’est là que j’ai intégré « La Relève ». On est vite devenu potes et on était tous des crevards du break ! On traînait tout le temps ensemble. Ça m’a aussi permis de rencontrer d’autres danseurs des autres team (Saian breakers, Résurrection,...) avec qui j’ai fraternisé. En parallèle, je poursuivais des études d’histoire à l’université.

En fait, la danse et le fait d’intégrer un groupe m’ont permis de m’insérer socialement et de me « reconstruire une famille », autant que les études (peut-être plus) et que mon travail aujourd’hui (je suis enseignant).

Finalement, la danse m’a accompagné lors de mon parcours et a fait en sorte que je puisse avoir un équilibre.

Trop de jeunes aujourd’hui se retrouvent seuls et sans repère. Du coup, ils se laissent avoir par des tentations ou des mauvaises fréquentations. Les jeunes qui tombent dans la délinquance ne sont pas « méchants » ou « mauvais » par nature. Je crois à l’exemple qu’on donne aux plus jeunes et qu’un bon nombre se ferme des portes parce que la société d’une manière générale ou eux-mêmes se collent une étiquette.

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